A l’âge de 13 ans, Raymond Bertschy était admis officiellement dans la société de musique La Lyre de Belfaux, la fanfare comme on disait en ces temps. Ceci se passe juste après la guerre, en 1947. Mais ce nouveau musicien avait déjà été immergé dans le monde de la musique dès son plus jeune âge. Il se rappelle : « Vers 8 ans et demi, on allait au début des répétitions avec mes frères. On jouait de la grosse caisse ou des cymbales pour remplacer les musiciens en retard ou mobilisés. Vers 20h30, papa nous indiquait d’un geste de monter et d’aller au lit ». Il faut dire que le directeur de la fanfare n’était autre que leur père, Joseph, qui a été à la tête de La Lyre de 1927 à 1979… Comme il était aussi le maître d’école, leur appartement de fonction était situé juste au-dessus de la salle communale où se déroulaient les répétitions. Raymond ajoute : « On ne dormait pas tout de suite, on écoutait jusqu’à la fin des répétitions tous les morceaux que la société jouait à l’époque ». Intéressé par la percussion, dès ses 10 ans, Raymond suit des cours de tambours à Fribourg. Il y apprend toutes les marches militaires par cœur. Après avoir joué de cet instrument quelques années, en 1956, la société décide d’acquérir un saxophone entièrement métallique, non sans quelques disputes car l’instrument est cher. Comme la personne pressentie pour en jouer doit partir de Belfaux pour des raisons professionnelles, il échoit à Raymond d’en apprendre la technique. Depuis ce moment, Raymond ne quittera plus le registre des anches. En 1973, la société achète pour lui une clarinette dont il prend un soin extrême et qu’il utilise encore de nos jours.

Lors du concert annuel de sa société, le 11 mars dernier, Raymond Bertschy s’est vu remettre le titre suprême de Vétéran d’honneur de l’Association suisse des Musiques pour ses 70 ans de fidélité. Ce musicien hors pair est un exemple pour les jeunes, il est régulièrement en tête des présences aux répétitions et aux prestations. Pour assurer de manière remarquable sa partie de clarinette, il s’entraîne encore tous les jours près d’une heure. Il a été durant près de 10 années le secrétaire du comité et n’a jamais ménagé ses peines lors de l’organisation des concerts et des autres manifestations de la société. Il est encore le bibliothécaire et l’archiviste de la fanfare. Il s’occupe aussi régulièrement de la mise en place et de l’entretien de la salle de musique qui est partagée avec le chœur mixte et le chœur d’enfants de Belfaux. Raymond est issu d’une famille de musiciens puisque ses deux frères ont joué de très nombreuses années et ont été membres de la société, dont l’un durant 10 ans en tant que directeur. Il a réussi à transmettre sa passion pour la musique et pour sa société à son fils Jérôme et a son petit-fils Cyril.

Raymond est, par son dévouement, sa discrétion et sa gentillesse, un musicien très apprécié. Il a conservé un esprit jeune et, lui qui a vu passer tellement de générations au sein de la fanfare, comprend parfaitement les différences qu’il y a entre l’esprit des jeunes de 1947 et ceux d’aujourd’hui.